Sur les traces de Louis Tétreau et Noëlle Landeau

Le soleil se pointait à peine à l’horizon, que déjà je prenais place à table pour le petit déjeuner. Je trépignais d’impatience. Aujourd’hui, 17 juin 2011, j’allais enfin découvrir ce village où, jadis, mes ancêtres avaient habité.

- Allez les filles, levez-vous!

Le grand jour était enfin arrivé, celui que j’attendais depuis le printemps 2008. En scrutant sur Internet les registres paroissiaux de la région d’origine de mon ancêtre patronymique, Louis Tetreau, j’avais alors découvert l’acte de baptême tant espéré. Ce précieux document se trouvait dans les registres de Tessonnière, commune d’environ 290 habitants, située dans la Gâtine poitevine, département des Deux-Sèvres. Que d’émotions j’avais alors ressenties à la vue de ces quelques lignes écrites à la plume il y a plus de 350 ans! Ainsi donc, c’était à Tessonnière que le huitième jour de janvier 1631 Louis Tetreau avait été baptisé.

Poursuivant mes recherches, j’avais aussi découvert l’acte de mariage de ses parents, Mathurin Tetreau et Marie Bernard, ainsi que d’autres actes se rapportant à la famille de Louis. L’un d’eux, celui du baptême de Mathurine, sœur aînée de Louis, nous apprenait que la famille demeurait alors à La Guichardière, hameau situé aux limites des communes de Louin, Airvault et Tessonnière.

Longtemps nous avons cru que Louis était originaire de Louin. N’était-ce pas ce qu’il avait affirmé lors de la rédaction de son contrat de mariage à Trois-Rivières en 1663? C’est pourquoi, à l’occasion de mon premier voyage en France en 2001, je m’étais rendue dans cette commune sans me douter qu’en réalité le baptême de Louis avait été célébré dans la commune voisine.

- Dépêchez-vous! On nous attend à la mairie à 9 h.

Il était à peine 7 h et nous étions à moins de 10 minutes de notre destination.

Trois jours auparavant, mes amies Pierrette, Denise, Estelle et moi-même nous étions rendues à Jauzé, village d’origine de Noëlle Landeau, ainsi qu’à Courcival, village d’origine de son premier époux, Jean Beaudoin. Guidées par les maires de ces deux communes ainsi que par plusieurs conseillers municipaux, notre visite avait été des plus intéressantes.

La commune de Courcival comptait 83 habitants lors du recensement de 2007. Celle de Jauzé – beaucoup plus populeuse – en comptait 98. Inutile de préciser que l’on a rapidement fait le tour de ces deux villages.

Construite au Moyen Âge, l’église de Jauzé nous a particulièrement intéressées puisque c’est dans cette dernière que Noëlle Landeau, épouse de Louis Tetreau, a été baptisée le 2 novembre 1638. Cette église se décrit comme suit : « Église à plan en croix latine, composée d'une nef et d'un chœur à chevet plat couverts d'un toit à longs pans, de deux chapelles couvertes d'un toit en carène, et d'une sacristie adossée au chevet, couverte en appentis avec deux demi-croupes¹. »

Un vin d’honneur, servi à la mairie de Courcival, avait clôturé cette mémorable journée.

Après deux jours dans le Perche, nous étions attendues pour le gîte et le couvert au château d’Airvault. Ben quoi? Il n’était pas question de dormir n’importe où! Après tout, Pierrette, Denise et moi-même n’étions-nous pas de dignes descendantes de Louis Tetreau, ancêtre de tous les Tetreau et d’une grande partie des Ducharme d’Amérique du Nord?  

Selon les propriétaires actuels du château, il est fort probable que Mathurin, père de Louis, y payait ses redevances. En effet, au XVII^e siècle, une grande partie des terres de Tessonnière relevait de la châtellenie d’Airvault.

Enfin, nous y voilà!

À Tessonnière, nous sommes accueillies par madame le mai^re2. Cette dernière a été prévenue de notre passage par monsieur Jean-Claude Logeais, celui-là même qui m’avait fait visiter la commune voisine de Louin en 2001. Nous y retrouvons aussi Jean-Claude et son épouse Jeannine ainsi que Maryvonne Calvetti, éminente historienne de la région.

De gauche à droite : Denise, Estelle, Frédérique Dambrine (le maire), Josée, Jeannine, Jean-Claude, Maryvonne, Pierrette, et la secrétaire municipale posent devant l’ancienne église de Tessonnière.

Après une courte réception à la mairie, nous nous aventurons sur les traces de Louis Tetreau en compagnie de Jean-Claude, Jeannine et madame Calvetti. Tout au long de la journée, cette dernière nous fera découvrir les moindres recoins de Tessonnière, Louin et La Guichardière. Quelle chance nous avons de pouvoir bénéficier des connaissances de cette passionnée de l’histoire régionale!

Au centre du village de Tessonnière se dresse l’ancienne église dont l’extérieur a été remarquablement bien conservé. Son ballet, sorte de porche situé sur le côté du bâtiment, est typique de la région des Deux-Sèvres. Perdue dans mes pensées, je ne peux m’empêcher d’imaginer Mathurin franchissant le porche de l’église en portant fièrement dans ses bras nul autre que le petit Louis, né quelques heures plus tôt. Il était alors loin de se douter du singulier destin qui attendait son fils.

Madame Calvetti nous guide aussi dans la nouvelle église et le cimetière tout en portant à notre attention divers bâtiments du village datant probablement du XVII^e siècle. À la sortie du bourg, une statue de la Sainte-Vierge nous intéresse particulièrement. En effet, cette statue repose sur les fonds baptismaux de l’ancienne église, ceux-là même au-dessus desquels Louis aurait été baptisé il y a plus de 350 ans.

Notre pèlerinage nous mène de Tessonnière à Saint-Loup-Lamairée, en passant par La Guichardière et Louin. Nous y visitons, entre autres, le Logis de la Guichardière, l’église de Louin, les lavoirs de Louin et de la Guichardière ainsi que l’Hypogée gallo-romain de Louin, monument historique datant du IV^e siècle.

Le lieu-dit La Guichardière capte particulièrement notre attention, puisque c’est à cet endroit que la famille de Louis aurait jadis habité. Parcourant des yeux les maisons qui bordent la route, je ne peux m’empêcher de me demander dans laquelle auraient vécu mes ancêtres à l’époque, si tant est qu’elle soit encore debout.

En fin d’après-midi, c’est à regret que nous prenons le chemin du retour. Après une seconde nuit au château, nous quitterons la vallée du Thouet pour nous rendre à Puymoyen, village d’origine de Noël Simard, ancêtre d’Estelle.

Jean-Claude Logeais³, habitant de Niort dans les Deux-Sèvres et fidèle ami des descendants de Louis Tetreau, a rendu notre visite à Tessonnière mémorable. En plus d’avoir prévenu la mairie de notre passage, il avait contacté deux journalistes qui, au cours de la journée, sont venus à notre rencontre. C’est aussi Jean-Claude qui m’a permis d’entrer en contact avec madame Calvetti.

Peu d’associations de famille du Québec peuvent se vanter d’avoir un ami tel que Jean-Claude Logeais. Merci du fond du cœur Jean-Claude pour votre profond dévouement envers les fiers descendants de Louis Tetreau.

1 http://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/

2 En France, le terme mairesse n’est pas utilisé. Lorsque l’on fait référence à une femme, on se doit de dire « madame le maire ».

3 Jean-Claude s’intéresse à l’histoire de la famille Tetreau depuis de nombreuses années. En effet, la mère de son épouse est une Tetreau dont les ancêtres proviennent du canton de Saint-Loup-Lamairé, tout comme la famille de Louis Tetreau.